Un budget amputé, des agences postales en danger
Le budget de La Poste se voit amputé de 50 millions d'euros, une coupe qui pourrait avoir des conséquences majeures, notamment dans les petites communes où les agences postales sont souvent la seule forme de présence publique. Ces agences, situées en grande partie dans les mairies, sont tenues par des employés municipaux rémunérés en partie par La Poste. Selon Philippe Wahl, PDG de La Poste, ces réductions risquent de mettre en péril le fonctionnement de ces points de contact cruciaux : « On ne pourra plus faire fonctionner des agences postales communales », a-t-il averti lors du congrès des maires ruraux à Saint-Julien.
Depuis la création du contrat de présence postale en 2008, plus de 2,4 milliards d’euros ont été investis pour moderniser et maintenir ce réseau, qui permet à 97 % de la population d’avoir accès à un service postal à proximité, soit à moins de cinq kilomètres de leur domicile. Mais cette coupe budgétaire soulève des interrogations sur la capacité de La Poste à poursuivre cette mission de service public. En plus de leur fonction première, ces agences jouent souvent un rôle social et numérique clé, comme en témoigne Danielle, employée dans une petite commune : « Je passe mes journées à aider les gens, certains sont très isolés. »
La ruralité sous pression face aux coupes budgétaires
Le principal problème que pose cette réduction concerne la pérennité des services en milieu rural. Murielle Fabre, secrétaire générale de l’Association des Maires de France (AMF), a exprimé son incompréhension face à cette mesure. Elle souligne que ce désengagement de l’État pourrait entraîner des fermetures de bureaux de poste, contrairement aux engagements pris par l’État lors de la signature du contrat de présence postale. Fabre rappelle que 97 % de la population se trouve actuellement à moins de 20 minutes d’un point de contact postal, une proximité essentielle, notamment dans les territoires isolés.
Stéphane Travert, député et président de l’Observatoire national de la présence postale, partage également cette inquiétude. Il a qualifié cette coupe budgétaire de « coup porté à la ruralité », un véritable frein à l’aménagement et au développement des projets locaux. « Nos territoires en ont besoin, surtout dans un contexte où les services publics sont de plus en plus rares en milieu rural », a-t-il affirmé.
Des enjeux sociaux et économiques pour les petites communes
Outre l’aspect pratique, ces agences postales sont souvent le seul point de rencontre pour les habitants des communes rurales. À Montfarville, commune de 800 habitants, l’agence communale est perçue comme un lieu de vie. Le maire, Jean-Marie Rocques, se montre inquiet : « Le contrat avec La Poste se termine en 2026, et avec cette coupe, on ne sait pas ce que l'avenir nous réserve. » Il rappelle que ces agences sont des acteurs importants de la vie sociale des communes, un point d’appui pour les personnes âgées ou isolées.
Dans ce contexte, les élus locaux craignent que les coupes budgétaires n’accentuent encore davantage la désertification des services publics en milieu rural. Les agences postales, créées en 2008 pour pallier la fermeture des bureaux traditionnels, sont devenues indispensables.
Des négociations encore en cours
Du côté de Bercy, on indique que les arbitrages finaux concernant le budget 2025 n’ont pas encore été rendus. Le ministère affirme son attachement à la présence postale sur l’ensemble du territoire. Cependant, les élus locaux et les représentants de La Poste restent prudents. Ils prévoient de renégocier avec l’État pour tenter de limiter les dégâts de cette coupe budgétaire.
L’avenir de ce réseau postal de proximité, notamment dans les communes rurales, semble donc incertain. Pour les maires et les habitants, ces points de contact ne sont pas seulement des lieux de services administratifs, mais de véritables poumons sociaux. Les négociations à venir seront donc décisives pour l’avenir de ce modèle de service public.